Selon un rapport publié hier par l’OCDE et l’AIE, plus de 300 milliards d’euros de subventions ont été alloués l’an dernier en faveur des combustibles fossiles. Une facture en nette augmentation par rapport à 2009, loin des promesses environnementales de nos dirigeants.
L’OCDE met en garde contre l’augmentation des subventions aux énergies fossiles
Selon un rapport publié le 4 octobre 2011 par l'OCDE et l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE), plus de 300 milliards d'euros ont été dépensés en 2010 par les gouvernements du monde entier pour soutenir la production et la consommation de combustibles fossiles. Soit environ 80 milliards d'euros de plus par rapport à l'année précédente...
Quand certains experts annoncent la fin proche des ressources en combustibles fossiles, des prospecteurs font part de leurs découvertes de nouveaux gisements (Guyane française, Malouines...). L'ère du pétrole, du gaz naturel et du charbon n'est donc pas prête de se terminer, et un mix énergétique plus favorable aux ENR n'est pas encore sur la meilleure voie. Surtout lorsque ces premiers sont subventionnés à coups de milliards. Voici quelques chiffres notables du rapport de l'OCDE et de l'AIE :
- les subventions les plus importantes viennent des pays producteurs de pétrole et des grand pays en développement (60 milliards d'euros pour l'Iran, 30 milliards pour l'Arabie Saoudite et la Russie, 15 milliards pour la Chine et l'Inde, suivis de l'Égypte, du Venezuela et des Émirats Arabes Unis)
- les membres de l'OCDE dans leur ensemble (34 pays développés) ont quant à eux dépensé environ 45 milliards d'euros dans ces subventions, dont la moitié pour le pétrole uniquement.
- les aides se répartissent ainsi entre les combustibles fossiles : 54% pour le pétrole et ses produits dérivés, 24% pour le charbon, et 22% pour le gaz naturel
- dans les pays de l'OCDE, 2/3 des subventions concernent les consommateurs
Un inventaire détaillé auprès de 24 pays de l'OCDE révèle plus de 250 mécanismes d'aides en tous genres : subvention directe, baisse de la TVA, diminution des royalties pour les compagnies minières, réduction des taxes pétrolières pour le transport aérien ou routier... L'économiste en chef de l'AIE, Fatih Birol, met en garde contre l'abus de ces pratiques :
Si aucun changement de politique des gouvernements n'est fait, nous atteindrons 500 milliards d'euros en 2020, soit 0,7% du PIB mondial.
Aux dépens de l'environnement
Les dirigeants du G20 s'étaient pourtant accordés en 2009 pour supprimer progressivement ces subventions qui "encouragent la surconsommation, restreignent la sécurité énergétique, font obstacle à l’investissement dans des sources d’énergie propres et portent atteinte aux efforts de lutte contre le changement climatique." L'OCDE et l'AIE préconisent ainsi l'affectation de ces sommes à des priorités sociales, environnementales, et budgétaires. L’arrêt progressif de ces aides aurait des répercussions très importantes :
- une réduction de 4,1% de la demande énergétique mondiale
- 3,7 millions de barils de pétrole économisés quotidiennement à l'horizon 2020
- une baisse des émissions de CO2 estimée à 1,7 milliards de tonnes par an (soit la somme des émissions du Royaume-Uni, de l'Italie, de l'Allemagne et de la France)
Pour en savoir plus : oecd.org